Fangirl ~ ft. Han Sin Ae

Le soleil pénètre doucement par la fenêtre me faisant signe que c’est l’heure de me réveiller de cette sieste. Les entraînements des derniers jours étaient tellement intenses que ce matin je m’étais réveillée, avais parlé un peu avec notre manager par mail et après avoir mangé ma salade du midi avais sombré de nouveau dans les bras de Morphée. Je prends mon portable histoire de voir quelle heure il est et voit que ça va l’après-midi n’est pas si entamée que ça. Je décide donc de me lever et de bouger histoire de faire quelque chose cette après-midi. Apparemment la fatigue avait contaminé tout le monde vu qu’ils semblaient tous dormir même mes animaux dorment aussi. La maison n’a jamais été aussi calme depuis un moment. Je mets une salopette avec un simple haut ainsi qu’une casquette et une paire de lunettes. Mes chaussures enfilées et mon sac sur l’épaule, je sors de l’habitation.

Je marche dans les rues de Gangnam maintenant mondialement connu grâce à la chanson de Psy dessus. Ca va encore il n’y a pas grand monde dans les rues, les gens sont soit au boulot soit chez eux en train de profiter de leur jour de congé. Finalement je sais où je vais aller, je vais au coiffeur parce qu’entre les différents MVS mes cheveux ont pris cher avec les colorations et extensions. Après le salon où je vais maintenant en tant qu’idole est très cher je le reconnais mais je ne peux plus me permettre de laisser ma mère me couper les cheveux comme quand j’étais petite. Surtout que ni ma maman ni moi-même ne sommes coiffeuses et l’apparence pour une idole ça compte beaucoup trop pour que je fasse des trucs où je pourrais me rater. Surtout qu’il y a certains fans qui n’y ratent pas non plus et le font savoir dans les commentaires. Certains journalistes ainsi que certaines personnes sont vraiment sans pitié. Donc ouais ce salon de coiffure est très cher mais c’est l’un des meilleurs dans tout Séoul. Et puis je me dis pour me donner bonne conscience que le prix équivaut à la qualité. Même si très honnêtement dépenser autant d’argent pour mes cheveux, ça me fait grincer des dents. Avec cet argent, j’aurais pu faire les courses pour deux semaines certainement. Mais bon je n’y vais pas tout le temps, je pense que je me rends au salon de coiffure une fois tous les trois mois. Le reste du temps c’est les coiffeuses de l’agence qui prennent soin de mes cheveux.

La légère sonnette signale au salon en entier mon arrivée grâce à une petite cloche tandis que j’enlève ma casquette et mes lunettes de soleil que je glisse dans mon sac à main. A chaque fois je suis toujours en admiration devant ce décor si bien fait. Le tout donne une occasion de grandeur et le salon en lui-même est assez moderne. Je fais un léger sourire à Saejin qui est la coiffeuse qui s’occupe de moi à chaque fois. Elle me demande ce que je veux faire et je réfléchis rapidement. Je lui dis de couper mes pointes, me faire un soin et c’est tout. Je ne veux pas trop en faire non plus et encore moins les agresser encore plus avec une ultime couleur ou les exposer à la chaleur du boucleur ou du lisseur. Je suis donc Saejin dans la pièce où se trouvent les lavabos. Et qu’elle n’est pas ma surprise en voyant une autre cliente dans la pièce moi qui pensais être seule bah pour le coup c’est raté. Je m’assois donc deux lavabos plus loin qu’elle et m’installe confortablement sur le fauteuil rouge. L’eau chaude sur mes cheveux me fait légèrement soupirer d’aise, ça fait vraiment du bien. Je ferme les yeux me détendant et réponds aux questions de Saejin brièvement voulant profiter un maximum des bienfaits de la chaleur de l’eau. L’étape des lavabos finit trop rapidement à mon goût et j’enfile rapidement l’espèce de cape qu’il y a dans les salons de coiffure.

Finalement Saejin me conduit au fauteuil juste à côté de la jeune femme qui semble bizarre depuis qu’elle m’a vue. Je décide de ne pas y prêter attention la fatigue me fait peut-être interpréter les choses bizarrement. Après tout ce qui est sûr ce que moi je ne l’ai jamais vu. En même temps, les Evil Faeries sont encore pour l’instant pas très connus nous commençons seulement à devenir populaires. Jamais pour l’instant je ne me suis faite apostrophée par un fan en pleine rue. Décidant de briser la glace après tout nous serons à côtés pour une bonne heure, je lui fais un léger sourire tandis que je la regarde. J’espère juste qu’elle voudra bien la briser aussi vu que Saejin pour l’instant semble à fond sur ce qu’elle fait et je sais aussi qu’elle a horreur que quelqu’un lui parle alors qu’elle essaie de se concentrer. C’est une chose que je comprends tout à fait moi-même quand je suis certaine de trouver une bonne mélodie et que quelqu’un vient me déranger, je deviens rapidement agacée. C’est pour ça d’ailleurs que tous les membres dès qu’ils me voient en possession de mon cahier de musique et de mon critérium ne viennent pas me déranger. Ils peuvent du coup attendre pendant plusieurs heures avant de pouvoir venir dialoguer avec moi en étant sûrs de ne pas énerver le requin qui sommeille en moi. Même si il faut qu’ils poussent vraiment le bouchon loin car je ne m’énerve que très rarement.

- Bonjour.

Je regarde la jeune femme regarder les gens autour d’elle autrement dit ma coiffeuse et la sienne sans vraiment comprendre pourquoi. C’est pourtant elle que j’avais regardé quand j’avais dit bonjour. Alors pourquoi regarde-t-elle autour d’elle ? C’est quand même très étrange, je veux dire que je regarde toujours les gens dans les yeux quand je leur parle. Ca évite les quiproquos où quelqu’un croit qu’un autre lui parle alors que non il discutait avec une autre personne. Le pire c’est que ces malentendus peuvent aller parfois loin voire trop parfois.

Mais si ça se trouve c’est une étrangère qui ne sait pas parler un mot de coréen. C’est vrai qu’il y a de plus en plus d’étrangers à Séoul, ça va et ça vient en fonction des périodes. Mais pendant un moment, la capitale semble plus vivante comme si mélanger différentes cultures redonnait un coup de peps à la ville. Les rencontres semblent se faire plus naturellement, les étrangers moins timides ou réservés que les coréens. Je me demande du coup de quelle nationalité elle est. Américaine ? Française ? Italienne ? Japonaise ? Thaïlandaise ? Chinoise ? Je ne sais pas, j’ai plus qu’à attendre qu’elle ouvre la bouche. Mais en tout cas si c’est une étrangère, ça serait cool et puis ça me permettra de travailler mon anglais qui va commencer à rouiller si je continue comme ça.

- Oh euh oui je la connais pourquoi ?

Cette femme m’a complètement déstabilisé, je ne sais pas quoi lui répondre. Est-ce que c’est une fan ? Une journaliste ? Il faut d’abord que je tâte le terrain avant et puis si le courant passe bien peut-être que je lui dirais que cette Ariel c’est moi. J’espère juste pas me retrouver sur la une des journaux. Mais je pense que ça me fera bizarre de vraiment dialoguer avec une fan. Après sur les réseaux sociaux, j’essaie de répondre à un maximum de gens à part ceux qui m’insultent. Mais je prends quand même en compte tous les avis constructifs même si ils sont négatifs. Parfois justement ça nous permet de voir ce qui ne va pas après malheureusement si ils n’adhèrent pas à un concept comme le cute par exemple, je peux juste leur dire d’attendre leur prochain MV. En effet, les Evil Faeries sont l’un des rares groupes qui touchent à tout et ne se cantonne pas à un seul registre. Ca permet de nous diversifier et ainsi toucher le plus de monde possible. Et puis même pour les idoles faire tout le temps le même style je pense que ça doit être lassant au bout d’un moment. Surtout que les contrats sont sur sept ans du coup garder le même concept, ça doit être vraiment ennuyant. Autant notre dernier MV était très cute autant celui que nous préparons est plus badasse. Ca permet du coup de mettre nos rappeurs en avant alors que pour le cute c’est plus le chant qui a dominé toute la chanson.

- Vous vous appelez comment ?

Alors comme ça c’est juste une remarque ? Ca ne m’aide pas moi qui voulais savoir si j’avais à faire à une hateuse ou une fan. Après peut-être qu’elle n’aime juste pas le personnage d’Ariel ce que je peux comprendre, les goûts et couleurs c’est propre à chacun. Et puis la sirène est assez particulière et je ne pense pas qu’il y ait vraiment de juste milieu soit la personne l’aime soit la déteste. Je n’ai jamais encore rencontré de personnes avec un avis mitigé en tout cas sur elle et donc sur moi. Mais j’aimerais bien écouter ses personnes autre que ses avis très manichéens. Entendre des propos plus nuancés que non je n’aime pas ou au contraire j’adore parce qu’en plus il n’y a pas vraiment de raisons. Après je pense que chacun peut ne pas aimer une personne sans savoir pourquoi. Personnellement ça m’est déjà arrivé et j’avais beau faire des efforts il n’y avait rien à faire je n’aimais pas cet inconnu.

- Et alors vous l’aimez bien ou pas du tout ?

Bizarrement ma question avait eu l’air de la déstabiliser comme si elle avait juste prévu de me faire cette remarque et que la conservation s’arrêterait là. Du coup un silence avait commencé à s’installer entre nous rendant la situation assez gênante et je n’allais pas pouvoir rester comme ça pendant minimum une heure. Donc j’avais relancé la conversation avec une question totalement bateau.

Au moins je pouvais déjà conclure qu’elle n’a aucune origine asiatique en tout cas pas de son nom ni de son prénom. Son nom de famille fait très américain alors que son prénom je dirais qu’il vient de l’Europe de l’Est. Est-ce du russe ? Du hongrois ? Ou alors tout bêtement de l’allemand ? Cette jeune femme m’intrigue après tout ce n’est pas tous les jours que je rencontre une étrangère surtout qui a l’air d’avoir plusieurs origines.

- Oh très sincèrement, les gens m’appellent un peu comme ils veulent.

Je ne mens pas vraiment, je contourne juste sa question à elle. Si elle a deviné que je suis Ariel hors de question de lui donner mon prénom. Je tiens quand même un minimum à ma vie privée et je n’avais aucune garantie que si je lui disais mon véritable nom elle ne le répéterait pas à un journaliste si elle n’exerce pas cette profession déjà. Je tiens à préserver la tranquillité de mon entourage un minimum. Je doute que mes parents soient ravis si ils voyaient des tas de fans se ruer à la maison demandant à me voir. Surtout que je ne sais toujours pas les intentions de Liesel, est ce qu’elle veut sympathiser avec moi ?

C’est vrai que ma réponse à sa question est loin d’être clair mais elle non plus ne l’est pas totalement. Généralement ces réponses là assez vagues sont uniquement pour ceux que je n’aime pas ou juste qui ne sont pas encore dans mon cercle de proches. D’ailleurs je n’ai gardé que très peu d’amis depuis que j’ai rejoint mon agence. Ils sont pratiquement tous partis parce que je n’avais pas assez de temps pour eux en même temps ils ont cru que l’emploi du temps d’une idole n’est pas chargé ? Surtout que les Evil Faeries ne sont pas encore assez populaires pour que nous nous reposions sur nos lauriers et j’espère que d’ici cinq et demi certains n’auront pas trop pris la grosse tête. Ces personnes là j’avoue avoir beaucoup de mal à pouvoir les supporter et je refuse que les membres du groupe finissent comme ça.

- Ariel me va parfaitement.

Ce n’est pas pour rien si j’ai choisi ce nom comme pseudo. J’adore déjà le dessin animé La petite sirène, j’aime tout dedans en passant par les personnages secondaires avec les chansons pour arriver à la méchante sans oublier le prince, la cerise sur le gâteau étant bien entendu Ariel. A vrai dire c’est rare de trouver de véritables méchants comme Ursula, seuls Scar et Frollo peuvent rivaliser selon moi et Eric est l’un des rares princes ayant plus de dix lignes de dialogues et un tant soit peu de personnalité.

La jeune femme à côté de moi semble chercher désespérément un quelconque sujet de conversation. Elle pourrait poser une question bateau et en fonction de ma réponse rebondir et ainsi apporter un peu plus de profondeur à cette conversation. Pendant qu’elle cherche je jette un rapide coup d’œil à ma coiffeuse qui vient de finir de couper mes pointes. En effet pas mal de cheveux châtains sont par terre. Je fais gaffe quand même à ce qu’elle ne me coupe pas trop court les cheveux vu que je sais pertinemment que ça ne me va pas. Après les extensions existent mais ça pèse lourd ces choses-là. Un sourire se forme sur mes lèvres et je vois que j’ai affaire à une fan.

- J’aime beaucoup aussi ce groupe, la leadeuse a fait un bon travail en choisissant les membres. Moi ? Je chante et danse avec sept amis et vous ?

C’est une manière subtile de répondre à ses questions, il y a peu de groupes ayant huit membres dont c’est la leadeuse qui s’est chargée du casting avec le manager. Mais cette rencontre me fait tout drôle, je n’avais jamais rencontré de fans autre part que pendant les meetups. C’est toujours stressant puisque les fans adorent Ariel mais aiment-ils autant Sinae ?

Regardant Liesel avec attention, mes doigts tapotent sur mon jean en attendant sa réponse. J’ai envie d’en savoir plus sur elle, de savoir ce qu’elle fait dans la vie, d’où elle vient ce genre de trucs. Et puis nous allions passer encore une bonne heure voire plus à côté donc autant mettre ce temps à profit. Attendant patiemment les informations sur son métier, je me concentre sur les bruits du salon. Le sèche-cheveux soufflant fort, les ciseaux qui coupent encore et encore, les autres conversations, tout ça suffit à m’occuper l’esprit jusqu’à ce que Liesel se décide à répondre.

- Oh vous enseignez quelle matière ?

Je la plains intérieurement si c’est sa première année ici, ça ne doit pas être facile d’intégrer un pays comme ça. Il faut s’adapter à la culture, à la langue et toutes les coutumes. En plus avec les anciennes mentalités qui perdurent malgré tout, ce n’est pas top. Puis elle doit être souvent au centre de l’attention vu que c’est une étrangère. Je n’ai jamais compris pourquoi les coréens traitent ceux qui viennent d’autres pays comme des animaux de foires. Ils sont comme nous. Ils ont une tête, deux bras, deux jambes et les mêmes organes. Personnellement je n’aime pas être le centre de l’attention même si avec mon métier je travaille sur ça. Avec les interviews, les shows télévisés et même les lives tous les regards sont braqués sur les idoles. Puis comme je suis la leadeuse des Evil Faeries, c’est moi généralement que les gens viennent voir pour savoir comment ça se passe et tout. Même si la presse à scandales ne publie plus rien sur nous, les rares fois où ils avaient publié des horreurs sur l’un des membres ils ont eu le droit à un savon de ma part. Depuis c’est le calme plat et aucun article non véridique n’a été publié sur les membres. Maman poule ou dragon c’est comme ça que les journalistes me surnomment.

- Ca va vous n’avez pas trop le mal du pays ?